La collection d'art tribal de Peter Willborg

Il manque! A sa famille est à tous ceux qui l’ont connu dans le monde entier: aux passionnés d’art, amis et collectionneurs de tapis antiques d’Orient.]

Peter Willborg a succombé l’an dernier à un cancer à l’âge de 64 ans seulement. Il était un galeriste, collectionneur et antiquaire talentueux de deuxième génération.

Son nom et sa grande connaissance des tapis antiques sont inextricablement liés. ll était considéré comme l’un des plus grands experts au monde des tapis anciens et antiques d’Orient.
Dans sa galerie « JP Willborg » au Sibyllegatan 41, Stockholm, il présentait des tapis, des carpettes et des textiles faits exclusivement avant 1940; les plus anciens dataient du 16e siècle.

La deuxième passion de Peter Willborg était l’art de l’Afrique et de l’Océanie. "Elle libère la tête des tapis", comme il le fit un jour remarquer. L’art tribal, les peintures et ses tapis antiques ont fait forte impression dans ses expositions et publications, créant ainsi cette synthèse très appréciée des arts. Jusqu’à aujourd’hui, bien au-delà de son décès prématuré. 

Le père, Max Willborg (1933-2001) déjà était antiquaire d’art tribal possédant des galeries à Stockholm et à Londres. Avec sa famille, il a vécu quelques années en Rhodésie (aujourd'hui Zimbabwe), où Peter a fréquenté l’école de 1969 à 1973 tandis que son père travaillait pour le Victoria & Albert Museum à Harare (1969/1970).

Nous mettrons aux enchères environ 100 objets d'art de cette collection, parmi laquelle ces œuvres exceptionnelles créées par les maîtres de Yombe et Ibibio.

 

 

Thomas Halling, Collectionneur et ami

Ma première rencontre avec Peter eut lieu à Stockholm au milieu des années 1990.

Ayant récemment commencé à collectionner l’art Yoruba, j’avais entendu parler d’un antiquaire de tapis qui faisait également la vente d’art tribal, et dont le père était Max Willborg, célèbre dans nos milieux.

Entrer dans la galerie de Peter était une expérience impressionnante! Ses beaux tapis, ses objets ethnographiques, l’art sur ses murs! Par-dessus tout, l’odeur du café fraîchement moulu d’un typique café à l’ancienne voisin.

Peter m’a chaleureusement accueilli. Il m’a servi un café et m’a remis une carte d’invitation pour sa prochaine exposition.

Cette visite a changé ma vie!

Peter avait récemment acheté une grande collection d’objets Yoruba à l’ambassadeur du Venezuela, Otmaro Silva, précédemment en poste à Lagos (Nigeria). Grâce à la générosité de Peter de me permettre de payer en plusieurs versements, j’ai acquis des pièces de cette collection qui allait devenir la pierre fondatrice de mon futur développement en tant que collectionneur.

Plusieurs expositions devaient suivre, notamment la fantastique "Chahâr Mahal va Bakhtiâri" de 2002.

Peu à peu j’ai pris conscience de la qualité de la personne que j’avais rencontrée en Peter, du nombre de personnes qu’il connaissait et du niveau élevé de ses activités. Il avait des clients et des contacts partout dans le monde.

Lui rendre visite à la galerie était devenu un passe-temps favori, et une amitié a commencé à grandir entre nous. Avec nos amis communs Jon Karlsson et Folke Wickman nous nous sommes tour à tour invités à des soirées africaines, dans lesquelles l’hôte fournissait le repas, les invités le vin! La soirée se transformait en nuit, et souvent les affaires étaient conclues bien après minuit. Tant de conversations intéressantes, de repas si savoureux, une si bonne compagnie!

Dans la belle maison de Peter j’ai rencontré sa famille, et il était difficile de manquer à quel point il était fier de sa fille Donya. Cela me rend triste de réaliser que ces réunions soient de l’histoire ancienne maintenant que Peter est décédé. Mais la famille et les employés de Peter font tout ce qu’ils peuvent pour préserver son esprit et son sens de la qualité. Et ils le font vraiment très bien

Lors de mon dernier séjour à Stockholm, j’ai visité la galerie et j’ai été touché par le fait que l’on puisse encore sentir si fortement la présence de Peter dans les pièces.

Quel réconfort!

Peter, tu nous manques.

 

 

Peter, mon ami,

En 1972, lors d’un de mes premiers voyages à Londres pour participer à une vente aux enchères de Christie’s, j’ai rencontré le père de Peter, Max Willborg, cela allait devenir le début d’une longue amitié. 

Max faisait la vente d'art tribal et m’a invité à lui rendre visite à son appartement qu'il partageait avec un autre marchand, Jonathan Mankowitz.

Max était tout juste rentré de Rhodésie pour Stockholm avec sa famille et son épouse Therese, afin qu’ils puissent mieux élever leurs enfants.

Nous sommes devenus des amis très proches. J'étais un jeune marchand, âgé de seulement 22 ans, et Max était pour moi un excellent professeur.

Vers 1985, il m'invita à Baledehop, une ville de la côte ouest de la République d'Irlande.  Il avait acheté plusieurs maisons délabrées, qu'il a restaurées avec succès.

Après le décès de Max, Peter m'invita à Stockholm, où il avait une grande galerie avec des centaines de tapis roulés ou pliés en tas.

C’était le début d’une relation qui était comme celle que j’avais avec son père.

Les tapis dominaient la vie de Peter, ses connaissances étaient incroyables. C’est là que j’ai découvert le cosmos des tapis rares, des petits fragments du 16ème siècle ou antérieur jusqu’aux plus rares et très anciens grands tapis.

Peter était humble et réservé, presque ascétique, il aimait boire du thé avec du lait et aimait la nourriture légère; il avait le sourire et la même hospitalité que son père.

Il m'a emmené à Stockholm et m'a présenté sa collection privée d’art tribal; petite en nombre mais d'excellente qualité. Avec des objets trouvés chez des missionnaires et dans certaines ventes aux enchères locales.

Dix ans plus tard, on lui a diagnostiqué un cancer, et je me suis senti encore plus dévasté que lui. Il s’est battu courageusement pendant plusieurs années et était sûr qu'il allait gagner la bataille - et nous pensions tous que ce serait le cas. Malheureusement pas, il est mort beaucoup trop jeune.

J'ai eu la chance d'être proche des deux, Max et Peter, deux personnes formidables, deux grands marchands!

Vous me manquez tous les deux.
Pierre Loos
2020