Des collections privées et des dépôts cachés

Un des moments les plus édifiants est de retrouver des artefacts qui sont encore entièrement conservés dans leur état d’origine, intacts et totalement préservés de l’esprit du temps européen, comme si, après presque 100 ans, ils venaient tout juste d’être sortis de leur valise. Leur signification réside précisément dans la non-altération du caractère original, une particularité qui se rapproche assurément le plus de l’essence même de la collection. C’est d’autant plus inspirant qu' ils sont également fabriqués artistiquement de manière élaborée.

Tout cela s'applique aux œuvres artistiques des mers du Sud et de l'Océanie. Parmi eux, une petite collection avec des pièces du 19e siècle [lots 27-51]. Tout ce que l’on sait de leur collectionneur, Hellmut Patzer, c’est qu’il vient de Silésie (Pologne) et a apporté ces objets en Europe lors de voyages en Australie et dans les mers du Sud dans la première moitié du 20ème siècle.

Les figures Malagan de Nouvelle-Irlande sont parmi les sculptures les plus artistiques d'Océanie. Des œuvres qui, comme l’art du Pacifique en général, sont très appréciées par les collectionneurs et les artistes pour leur créativité incroyablement imaginative et la qualité de leur conception. 

La collection Alexander Kubetz, Munich (1946-2023) [lots 56-97] possède trois grandes sculptures de ces figures commémoratives aux morts et, avec le lot 59, une ancienne pièce de musée qui a été vendue en 1917 par le Musée colonial allemand Berlin-Moabit (1899 - 1915) au Linden Museum de Stuttgart.

L’enthousiasme pour l’art et les débuts de la collection d’Alexander Kubetz se trouvent en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les îles des mers du Sud. Il n’est venu à l’art de l’Afrique, les masques et les figures, en particulier les boucliers artistiques et les armes de poing, que de nombreuses années plus tard grâce à son amitié de longue date avec Manfred A. Zirngibl. 

Des pièces de sa collection ont été présentées dans des expositions telles que «Erde und Erz - 2500 Jahre afrikanische Kunst aus Terrakotta und Metall » («Terre et minerai - 2500 ans d’art africain en terre cuite et métal») (1998) et plusieurs fois dans différentes expositions à la Haus der Völker à Schwaz/Tirol (1996, 2006/2007 et 2009).

Après 2017, c’est un plaisir pour nous de pouvoir vendre aux enchères la deuxième partie de la collection Afrique de l'artiste francfortois Bernhard Jäger (lots 106-173). Pour en savoir plus sur sa collection, consultez le catalogue des enchères 86, 2017 .

Pour lui en tant qu’artiste, les œuvres d’Afrique sont l’assurance que « le chemin que je suis dans mon travail est le bon ».  

Une plus grande reconnaissance pour l’art africain n’est pas possible.

Avec les lots 174-190 nous présentons une petite collection de 17 œuvres, principalement des masques du Mali, du Libéria, de Côte d'Ivoire et du Congo, appartenant à la succession de Justin Barthels (1934-2021), historien de l'art, collectionneur et marchand de Maastricht, Pays-Bas.

Charles Courtin (décédé en 1954 à Anvers, Belgique) séjourna au Congo de 1904 à 1908. Durant cette période, il créa des croquis / gravures dans lesquels il documenta les scarifications et les coiffures élaborées de la population locale. C’est de cette époque que date une petite collection congolaise d’œuvres miniatures, ainsi que des armes de poing et des lances [lots 311-317].

Dietrich von Reininghaus, Munich (1918-1993), à partir du milieu des années 1970, entreprend régulièrement de nombreux voyages au Sahara, en Tunisie, au Maroc, en Libye, en Algérie, en Mauritanie, au Sahara occidental, au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Égypte, au Soudan et au Tchad. Ce faisant, il a développé une passion prononcée pour la collection d’objets d’art des cultures locales. Il accordait la plus grande attention aux bijoux originaux, portés autant que possible.

Sa collection comprend plus de 500 bijoux (lots 359 - 449) provenant des peuples berbères et touaregs. La collection contient des objets marocains et algériens exceptionnels que l’on trouve difficilement dans cette qualité aujourd’hui.

Selon la documentation, une partie importante des bijoux touaregs a été acquise par l'intermédiaire de Gerhard Göttler. Ecrivain de voyage, connaisseur touareg et collectionneur lui-même, Göttler a été le prêteur et l’auteur du texte du catalogue de l’exposition «Magische Ornamente, Silberschmuck der Tuareg» («Ornements magiques, bijoux en argent des Touareg»), 2003 au Musée Rietberg de Zurich.

Ce catalogue sert également de référence aux objets du Reininghaus. Une étude de ce catalogue montre que les œuvres proposées correspondent toujours au même niveau de qualité élevé de l’exposition.

Ainsi, la collection Touareg du Reininghaus peut être qualifiée de muséale dans tous les sens du terme, en fonction de l'ampleur, de la diversité et de la pertinence des objets de collection pour la culture matérielle d'un groupe ethnique. [Wolfgang Raffesberg, auteur et expert]